par FlatFab
Le confort d’utilisation d’un casque dépend non seulement de ses mousses intérieures et de la qualité de son écran, mais aussi de l’isolation phonique qu’il procure. Les fabricants communiquent de plus en plus sur leurs casques « silencieux ». Qu’en est-il réellement ?
Si on demande aux motards ce qu’ils pensent du bruit, la plupart croit qu’on désire discuter de ceux de l’échappement ou de la mécanique, et pas du bruit de l’air autour de leur casque.
Pourtant, après 100 ou 200 km à moto, tous les motards ont les oreilles qui bourdonnent ou qui sifflent.
Ce sont des acouphènes, symptômes d’un dommage de l’oreille.
Au début, quand on est jeune, ils s’atténuent avec le temps et le repos. Mais à la longue, c’est irréversible.
En fait, les dommages sont irréversibles dès le départ, mais on ne les perçoit pas. C’est quand les acouphènes deviennent chroniques et l’audition difficile qu’on s’en rend compte, il est alors trop tard.
L’accumulation des lésions infligées aux oreilles par de trop nombreuses expositions à un bruit excessif entraîne une presbyacousie, la forme la plus fréquente de surdité bilatérale (des deux oreilles) et progressive.
Normalement, cette baisse lente et évolutive de l’audition survient chez des sujets âgés de plus de 50 ans, qui se plaignent d’une gêne importante dans le bruit et d’un trouble de compréhension dans les conversations.
Une analyse des causes de la presbyacousie montre que, contrairement à une idée répandue, cette surdité n’est pas « naturelle » et ne provient pas uniquement du vieillissement des cellules sensorielles.
Certes elle apparaît avec l’âge, mais elle résulte en fait des actions conjuguées de facteurs nocifs :
- la prise de médicaments ototoxiques (produits pharmaceutiques qui lèsent les structures de l’oreille interne ou du nerf auditif),
- l’existence de certaines pathologies
- et surtout l’exposition au bruit.
La presbyacousie est le résultat du vécu auditif antérieur.
Si la prise de médicaments ototoxiques est surveillée et s’il est difficile de se prémunir de la maladie, éviter les expositions à des niveaux sonores élevés est un objectif plus abordable.
Les niveaux sonores élevés, liés à la vie professionnelle ou aux loisirs, représentent un risque qui se traduit, soit par des accidents brutaux et dramatiques tels que le traumatisme sonore, soit, plus sûrement, par l’apparition prématurée d’une presbyacousie.
Pour préserver l’avenir et retarder l’apparition de cette forme de surdité, il faut, tout au long de la vie, accorder silence et repos à ses oreilles et se protéger des sons violents.
L’exposition n’est pas la même pour tous. Le motard qui se rend à son lieu de travail peu distant de son domicile ne sera pas exposé autant que celui qui voyage 35.000 km par an avec de longs trajets de plusieurs centaines de kilomètres dans la journée. Cela dépend aussi bien sûr du niveau de bruit émis par la machine, de sa protection au vent, du modèle de silencieux, de la qualité d’insonorisation du casque…
Il ne faut pas négliger les effets collatéraux de la fatigue auditive, qui se répercute sur la fatigue générale. La saturation sonore fatigue le cerveau, on arrive beaucoup plus fatigué – donc moins vigilant – avec un casque mal insonorisé qu’avec un casque bien protégé + des bouchons d’oreille.
Il n’y a pas de casque sur le marché qui soit assez insonorisé pour bien protéger l’ouïe.
Il y a certes des casques plus silencieux que d’autres, mais la seule solution efficace pour le moment demeure les protections auditives, autrement dit des bouchons pour les oreilles.
Il ne faut pas s’arrêter aux chiffres bruts, annoncés tambour battant par des constructeurs qui réalisent les tests de mesures en interne selon leurs propres procédures.
Les constructeurs eux-mêmes ne parlent d’ailleurs pas de « casque silencieux », mais de casque « le plus silencieux de sa catégorie » (BMW) ou « 50% plus silencieux que la moyenne des intégraux du marché » (Schuberth).
Dans une étude, publiée dans le magazine allemand Motorad Reisen und Sport (numéro de janvier et février 2005) ainsi que dans le Motorrad de juillet 2005, sur un test de 14 casques à plus de 300 euros pièce, aucun n’offre une protection suffisante contre les problèmes liés aux bruits.
Celui qui se classe premier de cette étude est le Schuberth S1 qui, à 100 km/h génère 81,6 dB et 88,1 dB à 130 km/h… tout de même !
Le plus bruyant des casques, le Shoei XR 1000, aux mêmes vitesses, casse littéralement les oreilles avec 99 dB et 105,2 dB. Et il n’est pas le seul à exposer les motards à des bruits d’une puissance supérieure à 100 dB !
En mai 2002, Motomag avait réalisé un comparatif de casques intégraux en mesurant le niveau sonore en soufflerie (pas sur route).
Le meilleur résultat avait été de 85,6 dB pour le Shoei XR900 et 85,7 dB pour le HJC AC10, le tout mesuré à 90 km/h sur une Suzuki GSE 500 (moto basique non carénée).
Le niveau sonore de référence était de 70 dB à 90 km/h, ce qui correspond au bruit d’une salle de classe. Demandez aux enseignants ce que ça fait de supporter ce bruit pendant une journée d’affilée, ils témoigneront que c’est déjà assez pénible…
Le Code du travail français et une directive européenne disposent que nul ne doit avoir à supporter plus de huit heures par jour un bruit supérieur à 85 décibels (dB A), soit le niveau de bruit observé en cas de trafic routier intense.
L’oreille humaine peut en effet supporter presque tous les niveaux de bruit, mais pas pendant un temps infini.
Sachant que la sensation sonore suit une augmentation logarithmique et double tous les 3 dB, le délai maximal d’exposition avant des lésions irréversibles de l’oreille interne est de quatre heures par jour pour 88 dB, deux heures pour 91 dB…
Le seuil de danger pour l’oreille est de 90 dB et celui de douleur à 120 dB.
Dans les essais de Motomag, les deux casques qui atteignaient des valeurs comparables à celles du Schuberth S1 et du BMW Système 5, entre 85 et 86 dB(A) à 90 km/h, arrivaient à 92,7 et 93,9 dB à 130 km/h, et à 99,5 et 99,3 dB à 170 km/h.
C’est-à-dire qu’au bout d’une heure sur autoroute à vitesse légale, vous commencez à endommager votre oreille. Au bout de 20 minutes à 170 km/h… Et ce même avec les casques les plus silencieux du marché.
Attention, il s’agit d’essais effectués sur une moto non carénée. Les résultats seraient sans doute un peu meilleurs sur une moto carénée avec une bulle haute. Mais cela donne une idée de l’agression que subit notre appareil auditif à moto.
Or le bruit en roulant a des conséquences sur la sécurité car les cellules ciliées (les capteurs sensoriels de l’oreille) transforment le bruit en impulsions nerveuses qui troublent le travail intellectuel, et l’analyse de l’environnement routier.
Tout cela pour dire qu’il n’existe pas actuellement de casque réellement silencieux.
Pour les autres critères de choix d’un casque, lire l’article « Choisir un casque« .
Pour se protéger les tympans, la seule solution efficace reste les protections auriculaires.
Deux grands types de modèles existent : les bouchons et les filtres.
Les premiers visent à atténuer ou bloquer tous les bruits, ils sont les plus hermétiques possible. Les seconds atténuent seulement certaines fréquences, mais n’empêchent pas de tout entendre.
Dans chacune de ces deux catégories, il existe des solutions jetables et d’autres lavables, donc réutilisables.
Certains bouchons jetables (de forme conique) sont lavables, mais les mousses finissent tout de même par s’imprégner de cérumen (le miel des oreilles) et de transpiration, il faut les renouveler de temps en temps.
Les protections vraiment durables sont en silicone.
Les motards qui travaillent dans des milieux bruyants récupèrent souvent des protections distribuées sur leur lieu de travail, comme dans les usines ou les hôpitaux.
J'ai reçus ça pas mail ce matin, je ne sais de quel mag c'est tiré, en tous ca çà fait peur




Edit : ça viens de là http://moto-securite.fr/silence/