(Notez que c'était vrai quand j'ai commencé à écrire ce CR, mais que bon, Netflix, tout ça... Bref deux mois plus tard...)
Pour rappel, dans l'épisode 1, on a rallié les Alpes françaises au plat pays de la Lituanie (c'est pas très précis, tout le pays est plat

D'après les premières idées de la Brune, on était parti pour traverser tous les pays des Balkans, rejoindre la Grèce et pourquoi pas la Turquie. Après lui avoir rappelé que je ne comptais pas faire 600 bornes par jour pendant deux semaines, on a revu à la baisse. Pendant que je m'occupais du camion, madame nous prévoyait un roadbook sur deux semaines, qui incluait une traversée rapide de la Pologne, Slovaquie, Hongrie, pour visiter Serbie, Bosnie, Montenegro, et toute la côte croate depuis Djubrovnik. Contrairement à notre précédent voyage, on avait un plan détaillé jour par jour, avec les choses à voir autour, etc. Bref, maintenant qu'on bosse et qu'on n'a que deux semaines de vacances, on ne fait plus ça totalement à l'arrache.
Donc le vendredi soir, après être parti du boulot à la bourre bien entendu parce qu'il y avait plein de trucs à finir, être coincés dans le bouchons parce qu'on célèbre ici les 30 ans de la Voie balte, je finis de remplir les sacoches, on débranche tous les appareils, on coupe l'eau, on descend le bazar (merci l'ascenseur, s'il avait fallu faire les 10 étages à pied, je serais resté chez moi) et on prend la route, direction chez les beau-parents à 100 bornes. Première petite étape, passage en réserve sur l'autoroute (toujours sympa), et on arrive sans encombre.
La moto est dans le garage, prête pour le départ le lendemain:

Nan, je déconne, les bagages sont fait à l'arrache avec des choses dont on a pas besoin, et des choses dont on a besoin qui sont restées chez les beau-parents. Bref, vendredi soir, 23h, c'est le bordel on réorganise comme il faut:

on élimine des choses peu nécessaires (deux semaines, 6 slips, c'est laaarge), on se rend compte qu'on a oublié les assiettes et verres de camping, le couteau suisse (surtout qu'il fait décapsuleur et tire-bouchon, et aussi tournevis cruxiforme...) mais au moins cette fois j'ai quelques outils supplémentaires (préscience, je dirais) même si je décide de laisser pince et multimètre. Une bombe de graisse, une bombe anticrevaison, les tenues de pluies (Nouvelles, on a égaré les pantalons de notre dernier voyage, mais on suit la même méthode : vêtements de chantier, ça fera l'affaire.)
La Brune prépare des sandwichs, je fais les dernières vérif' sur le camion, et un bon gros dodo; parce qu'un bon morceau de route nous attends le lendemain : un peu plus de 500 bornes pour rallier Lublin, en Pologne (complètement à l'Est, à peu près au centre point de vue latitude).
Voilà, samedi matin, 9h30 on est prêt à l'heure (facile on n'avait pas fixé d'heure


Après la photo souvenir, on enfile les casques, on démarre le camion (c'est pas mal, il démarre), et en route pour l'aventure la première station essence venue, parce qu'on est sur la réserve, je vous rappelle... Une fois le bidon bien plein, on se met en route pour de bon.
Les fonds européens (merci pour vos impôts les gars) ont permis l'ouverture d'une autoroute vers la Pologne, qui n'était pas là la dernière fois. C'est toujours droit et ennuyant, mais il y a deux voies et on peut rouler à 130 (bref, comme sur la nationale, mais sans risquer son permis cette fois

La Pologne est atteinte assez vite et là aussi vos impôts ont bien améliorer les choses. C'est pas forcément de la 2x2 voies, mais c'est enfin des axes principaux faits pour se déplacer relativement vite, avec contournement des villes, bretelles d'accès et échangeurs, c'est plus serein. Bon il manque juste les aires de repos et stations essence (y a les panneaux, les voies de sortie, mais les pompes ne sont pas là...)
Grand soleil, pas trop chaud, on est bien. Passé la ville de Białystok, on quitte la direction de Varsovie, et avec ça les super belles routes. Bon, le revêtement reste correcte, mais les traversées de village désert à 50 avec radar sont légions, c'est fatigant. On tombe sur un accident (en ligne droite, faut le faire..) mais on comprend assez vite pourquoi: ils conduisent n'importe comment. Quand l'asphalte est plus large que la chaussée, les gens roulent de manière régulière sur le bas-côté pour laisser passer les fous, qui du coup doublent sans trop se poser de question (bah ouais, le gars d'en face va se pousser sur le bas côté et s'il le fait pas, tant pi), ça nous vaut quelques frayeurs avec ceux venant d'en face, et ceux qui doublent sans vraiment se donner la peine de changer de voie...
Bref, après une journée de route bien chiante, une pause pique-nique dans un parc publique, des cafés en station essence, on finit par arriver à l'hôtel, les fesses déjà bien endolories...
La Brune s'occupe d'aller à la réception pendant que bibi décharge, on se dit que pour 35 balles la nuit, la piaule est vraiment pas mal, on se change, on réserve une piaule pour le lendemain, et on file faire un tour (en passant par le Décathlon du coin histoire d'acheter deux assiettes de camping, et puis quelques courses pour le petit déj...). Lublin a au final une vieille ville toute mignonne, on mange une pizza (une chose qu'on a appris via l'expérience: en Pologne, n'essayez pas les plats locaux), on boit une bière, puis on se rentre, bien épuisé par la journée, et le lendemain, on remet ça, encore 500 bornes de route...
Deuxième jour: déjà la routine du voyage s'installe: réveil, petit déj', chargement, en route. On sort de la ville, un bout de voie rapide toute neuve, puis à nouveau route nationale toute droite, villes et village à gogo : on dirait que tous ces bleds perdus sont étendu sà fond, juste autour de la route principale, donc c'est long et chiant. On fait le plein et grignote dans une station essence, ce qui fait sourire 4 gars en jogging dans leur BMW 20 ans d'âge, qui viennent aussi de faire le plein (et pas que de mazout : hého, c'est 10h du matin il commence à faire soif...)
On s'approche d'une nouvelle grande ville (Rzeszów), voie rapide, on traverse, et on répète... la route commence à tourner un peu: on approche de la frontière, mais lignes blanches à gogo (bon ça dérange pas trop les locaux, on voit encore quelques frayeurs) et enfin on passe en Slovaquie... et d'un coup, plus personne sur les routes, alors que ça tourne toujours un peu. Bref, c'est plus sympa. On fait une pause repas dans un bled paumé, une pause essence et boisson parce qu'on se dirige vers le sud et la chaleur se fait sentir, et on part pour un petit détour, histoire de voir les ruines du Château de Spiš (Spišský hrad, pour les locaux)


On a déjà eu l'expérience lors d'un précédent passage en Slovaquie, mais là encore on tombe sur des bidonvilles de Rom, des villages entiers là en l'occurrence, un peu au milieu de nulle part, et 500m plus loin, on tombe sur des villages tout beau tout propre. Contraste saisissant...
Bref, les routes dans le coin sont plutôt pas mal, même si le revêtement n'est pas parfait, ça tournicote pas mal quand même donc on se fait un peu plaisir. C'est bien mieux que la Pologne, y a pas à dire.



On arrive à notre AirBnb du jour un peu en avance sur l'horaire prévu, dans la ville de Košice. Une douche qui ne fait pas de mal après une journée déjà chaude, une réservation airbnb pour le lendemain, une autre réservation pour les deux nuits qui suivront à Sarajevo, et on sort manger. On termine dans la brasserie locale qui soit disant est une des plus anciennes d'Europe, blabla tout le tintouin. Sauf que bon après une heure d'attente on comprend qu'ils ont oublié notre commande de nourriture (mais pas la bière, faut pas déconner non plus, on aurait réagi plus vite) donc on mangera un plat traditionnel: un kebab vite fait, parce qu'on a la dalle!
Retour à l'appart pour un bon gros dodo, parce qu'on a déjà fait 1000 bornes en deux jours (un quart de notre kilométrage de ces deux dernières années, depuis la fin du premier road trip...)
Troisième jour: direction la Serbie, via la Hongrie où on ne fera pas étape cette fois. On suit Google maps pour éviter les péages, vu qu'on ne veut pas prendre de vignette ni en Slovaquie, ni en Hongrie (on se rendra compte plus tard que la vignette coute moins de 5€ pour une semaine en Hongrie, on aurait pu la prendre pour s'éviter les détours), on passe encore par des campements étranges et perturbants, avec des gamines tout juste adolescentes et déjà enceintes, et des gosses qui courent partout, on se plante de route parce que le panneau était au milieu des arbre (on le distingue à peine en venant dans l'autre sens, et pas du tout de là où on venait, et on finit par passer la "frontière"

Voilà, c'est ça l'union douanière... Bon je sais pas comment ça se passait avant, parce que là, y a même pas une ruine de cahute... Bref on est en Hongrie, on prend la route qui longe la frontière (si tu pisses sur le bord gauche, tu pisses en Slovaquie, sur le bord droit, en Hongrie), au revêtement plus que douteux, trous partout, trainées de boue, gravillons, bosses... De temps en temps un panneau qui prévient de trous sur 500m qui laisse craindre le pire, mais au final, c'est pareil. A chaque sortie de village traversé, la route s'améliore un peu, jusqu'à retrouver une bonne vieille nationale, et le trafic qui va avec.
La Hongrie, c'est la nouvelle Pologne, des gros investissement de l'UE pour transformer ces simples nationales traversant la moindre ville, en vraies routes de transit avec contournement des agglomérations. Bref, c'est bien gentil, je suis sur que dans quelques années, ça fluidifiera bien le traffic, mais là tout de suite, c'est plutôt l'inverse. Au final, une journée quelconque, sur des routes quelconques, un plein ici, une pause café là, une énorme usine Mercedes ici, etc. On "cruise" à bon rythme (du coup, la vignette autoroute ne serait pas vraiment utile ...

Bref, on approche la frontière à proximité de Szeged. Google nous dit qu'on peut prendre l'autoroute sans vignette à partir de là pour rejoindre la Serbie donc on s'y dirige... sauf qu'à proximité de l'entrée, les panneaux indiquent "Vignette obligatoire" (et on dirait un rajout récent, qui semble collé sur le panneau...), du coup, demi-tour, on passe par la petite route, et on arrive à la frontière.... et y a la queue... donc on retire les casques et on attend, quand les gars dans la voiture derrière nous sortent et nous disent, en allemand: avec le deux-roues vous pouvez y aller. Bon bah on y va, et en effet personne n'y trouve à redire.
On passe au premier poste (du coup, la sortie de l''UE), on demande si c'est tout bon, le gars nous dit oui, alors on commence à tracer notre chemin (bon en poussant la moto, et la Brune à pied, on n'allait pas bien vite), quand le gars de la deuxième casemate nous interpelle: ah oui, y a les douanes des deux côtés, logique! Bref, on reconnait les gens qui n'ont pas l'habitude de sortir de l'union douanière

Bref la journée a été longue, l'autoroute fonctionne à péage ici, donc pour la dernière centaine de borne jusqu'à Novi Sad, ce sera par l'autoroute.
Je connais un petit moment de solitude où en voulant rester sur la droite pour pas faire chier le monde qui à l'air de se diriger plutôt sur les voies de gauche, on se retrouve dans la voie spéciale PL muni d'un badge (malheureusement on a le poids-lourd mais pas le badge ...) bref, petite marche arrière sur la voie de péage, un gars sympa nous laisse nous insérer dans la file, et voilà (je crois qu'entre temps, un employé venait à notre secours mais on avait déjà fait la marche arrière...)
Sur la première aire venue, on fait une pause repas; pour manger notre saucisse... Faut reconnaitre que ça valait pas le risque de la contrebande


100 bornes et 1€70 d'autoroute plus tard on arrive à Novi Sad, même 10 bornes et on pourra se poser: 10 bornes qui prendront 1h30, car oui, au moment où on s'arrête pour payer, le camion s'arrête tout court, et ... plus de jus. Pas moyen de démarrer, une pression sur le démarreur produit un mélange de: démarreur qui ne tourne pas assez vite; de grognements et de claquement... Bref on est à 10 bornes, et en rade... on ne sait pas trop quoi faire. On essaie la poussette, la Brune pousse (bah, elle ne sait pas conduire, donc pas d'autre choix que de la faire pousser), et moi je laisse mon gros cul tomber sur la selle pour redémarrer, et bam, on redémarre. Vite on renfile les casques, on repart, et on prend la première sortie de voie rapide qui s'offre à nous (la bonne, ça tombe bien) ... et la moto s'arrête encore.
Bref, on patiente un moment, et on recommence la pousette.
On répétera l'opération encore deux fois avant d'arriver au airbnb, et malgré la nuit tombée, il fait chaud et lourd; on sue comme pas possible dans les cuirs. Mais bon, déjà on n'est pas au milieu de nul part, on a un toit pour la nuit.
Nuit qui sera courte et agitée: on est en panne, hors UE, dans un pays à alphabet cyrillique: qu'est ce qu'on va faire? On cherche donc garage moto, Google Translate pour décrire nos problèmes en pseudo langue locale (ouais hein c'est google translate quoi, j'ai des doutes sur la qualité de la traduction), on réfléchit à des plans pour continuer nos vacances sans moto si on ne trouve pas de plan pour réparer (genre, vendre la moto, prendre le bus jusqu'à la côte Croate, puis jusqu'à l'Italie pour prendre un vol retour...)
Au final, on dort tant bien que mal, on se lève tôt, on mange un bout, et on sort pour aller chercher un garage pas loin trouver sur le net.
On essaie de démarrer à la poussette, sans succès... heureusement, le vieux monsieur en train de recarreler les marches de l'immeuble nous file un coup de main, et ça démarre. On va à l'adresse indiquée, la moto s’arrête, et bien entendu, il n'y a rien à l'endroit désigné, on n'est d'ailleurs pas au bon numéro (merci google maps). La Brune part en reconnaissance, sans succès mais revient avec un plan et une adresse d'une enseigne à un peu plus d'1 km, fourni par un gars dans une boutique du coin (pas sûr que si c'était moi qui étais parti à la recherche du bouclard, je serais revenu avec autant, mais bon... on profite de nos atouts

Conclusion: ça valait le coup de réserver la nuit en Bosnie en avance...
Tant pi, on passe une journée au soleil en Serbie, on récupère la moto qui charge, on mange de la glace et on se repose...

(Celle ci, c'est juste pour prouver qu'on n'est pas des crados, on a fait de la lessive de temps en temps





A noter que la bouffe locale est plutôt sympa, même si un peu riche quand il fait si chaud...
Fin du premier épisode. Merci d'avoir lu. La suite bientôt (peut-être
