Lundi 29 Septembre : 2ème étape : Saverne – Doussard : 815 km (en théorie)
Une odeur de café me chatouille les narines, les murmures de mes camarades finissent de désembrumer ma cervelle, 02h35 sur le tél… Vu la proximité de mon lit avec la table du petit déj, je n’aurais qu’à tendre le bras pour disposer de l’option « au lit », quand je vous dis que c’est du 5 étoiles la formule solo…Yaya est déjà debout et range ses affaires, me faut une clope avec mon caf… Ambiance feutrée et étrangement sereine… Debout, il ne fait même pas froid dehors, déjà des bruits de moteur, des rires… En fait le départ doit être à 10 mètres de notre tente… Parfait… Je rentre me forcer à manger un truc… Pain, saucisson, compote…
03h00 je m’approche de mon cuir, sur le lit sont posés mes sacoches, mon casque et ce p*tain de lecteur de road book… Et là, à ce moment précis, je le sais, il me faut des chiottes…La barre au ventre je fais les 10 mètres qui m’en séparent. Je constate que je ne suis pas le seul… La pression monte, enfin s’évacue, enfin bref… Comment le simple fait de regarder ce truc peut-il me rendre aussi nerveux…Mystère…
03h15 Je finis de ranger mon bordel, je m’équipe nous rejoignons nos motos… Un poil tendus nous faisons un crochet par le CH de départ… Les premiers sont déjà sur la route… Kawa83 est là, avec la bande de toulonnais… Concentrés sur le respect des horaires… Nous glanons les infos du premier tronçon : 384 km en 06h58 !!! ça parait disproportionné… 55 km/h de moyenne… ça renseigne déjà sur la difficulté du parcours, de nuit, avec de la pluie annoncée sur le jura et les alpes…Retour de la boule…Et de l’arrêt cagouince…
03h40 Dernière clope avant ???…. Avant j’en sais rien… Je tremble… J’ai chaud
Que le temps est long… On retrouve nos compagnons du DRAC… Tout le monde est tendu, sauf les plus agés… Bizarre
03h55 Bisou à Yaya, elle a encore 15 minutes devant elle
03h57 Je me présente à la table je saisi mon carton et je le range…07 heures de route avant le prochain CH, j’hallucine…Je transpire dans mon casque. Allez première et go…
3 kilomètres… 3 kilomètres et la lumière du road book faiblit !!!! FUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU*K….Les piles sont nazes…. Je les ai changées avant de partir !!!! Rahhhhhhhh… Allez, trouver un lampadaire, je me pose… ça commence bien l’étape marathon !!! Bon, on se laisse pas déborder, tout ce qui doit merder VA merder c’est la règle… Des concurrents passent je leur fais signe que tout va bien… Mon cul oui, tout va mal… Je sors ma frontale et la passe autour de mon casque avec un rilsan à la mentonnière, ça le fait… J’en profite pour virer ma veste de pluie et une polaire, je me suis tellement couvert que je transpire comme un bœuf, la peur d’avoir froid… Toujours la même chose, 5 minutes de perdu, j’allume une clope… c’est toujours comme ça… M’enfin, une fois que LA connerie du jour est passée, normalement je suis tranquille…Je fous mon auguste séant sur la moto…
2ème go, cette fois pour 250 bornes, 250 bornes de virolos, seul ou en groupe, de nuit à rouler dans la lueur irréelle des additionnels, parfois beaucoup plus vite que limpression le laisse supposer… Un pied total, pas de voitures en face, des forêts somptueuses, le lever de soleil au bord d’un lac, des virolos à gogo, une impression de seul au monde parfois et de meute à la madmax quand un groupe me rejoins ou quand j’en dépasse d’autre… Géant, la traversé la forêt du Hohwald, 2 fois le Col du Bonhomme, la route des Crêtes, la Schlucht, puis le Jura avec un nav exigeante mais pas « tordue »… avec le lever du soleil,les brumes du matin… je m’aperçois que 4h00 sont passées, 200 bornes, j’ai pas froid, je me régale, un pied comme je n’ai pas souvenir d’en avoir pris depuis… des années en moto…
Je ne me souviens plus ou j’ai fait le plein, dans une station de supermarché, sur un plateau avec une grande ligne droite, un petit bled mais après 5h30 en selle, ça se complique, le dépliage est difficile, je dois mettre trois bonne minute avant de me redresser complètement, fais chi*r ce dos… On s’en fout, le plein, une clope, une compote, de l’eau, du paracétamol, une barre de céréale, re de l’eau… 10 minutes maxi, c’est tout ce que je m’autorise, en selle…encore 130 bornes… des virolos, encore, beaucoup, des belles courbes et voila le premier CH… J’ai 10 minutes d’avance, je retrouve Sophie, j’en profite pour virer encore une couche, je me suis trop équipé, une barre de céréale, un carré de chocolat, pas le temps pour changer mon roadbook, je le ferais après la prochaine épreuve, la base chrono…
Ma première, un truc que je n’ai jamais fait… rouler à 55 de moyenne sur une route inconnue sur une distance elle-même inconnue en lisant le roadbook… ???? On verra bien, je regle le vector sur « moyenne », coucou les comissaires… 3, 2, 1 et c’est parti…
Une route forestière, je me cale assez vite à 55, des gravillons, de la terre mais ça roule bien, deux trois changements de direction, ça cale parfait entre le RB et le compteur et, au bout de ‘ bornes, une voiture « Organisation course » garée sur dans un chemin façon radar à l’ancienne ??? Ben quoi ? C’est tout ?
J’suis déçu… au carrefour suivant, je m’arrête, dubitatif, je me pose pour changer mon rouleau… 10 minutes après, c’est fait, j’ai vu des concurrents partir dans quasi toutes les branches du carrefour ???
Je suis rejoint par une miss en GSR N°177, elle m’accompagne dans ma pause, une clope et on repart pour 50 bornes… La nav est fluide, je mène, le rythme est rapide sans plus…
St Claude, le premier contrôle de passage à la gare, je cherche une station pour faire le plein, je grenouille un peu et perds la miss, je repars sur les nerfs, la route change, les virages se font plus secs, on attaque les alpes, j’aime pas ces routes ou il faut relancer tout le temps, la GPZ n’ont plus d’ailleurs…
13h10 A l’endroit prévu, je retrouve Bernard, je commence à être naze mais je n’ai pas l’intention d’abandonner…Je finirai classé… Ou cassé mais tant que je pourrais monter sur la moto, je roulerai…
Un deuxieme parcetamol, je refais le plein d’eau et de sucreries et et gobe une compote…encore 150 bornes avant la spéciale de Doussard… Allez on roule, et je roule, je roule, je peste contre les travaux, on arrive en ville et là, c’est le bronx… Grrr je pointe en retard… de 5 minutes…
15h40 Spéciale de Doussard… Mouais, course de côte de Doussard tu veux dire… j’ai beau faire hurler le twin et freiner le moins possible, ça avance pas, d’autant que la fatigue et la douleur ne favorisent pas la mobilité sur la moto, je sors de cette spéciale pas franchement convaincu, bof allez 60 bornes jusqu’au paddock pour une assistance d’une heure… On attaque des petites routes en périphérie d’Annecy, des épingles à gogo sur les montées et descentes et une circulation d’enfer dans les vallées…Ben oui, c’est l’heure de pointe… Bref une alternance de casse- bras (la GPZ est vraiment physique dans ces petits coins) et de casses couilles… heureusement la nav est assez simple… Je pointe à l’heure…
Une heure de pause…Faire le plein, me déplier, manger un sandwich… Le repas de midi à 17h00, c’est le rythme du DDMT…Tiens un petit cacheton pour la route et un Dark dog aussi !!! 14h00 de moto d’affilée…ça creuse…
Tiens, il pleut…On est plus à ça près, veste de pluie et hop, 100 bornes de liaison pour retourner à la spéciale… Je m’arrete pour une photo, je suis toujours aussi impressionné par les sommets des Alpes, même si je déteste leur « rythme » des routes du coin, pas fait pour nous, les petits moteurs… Alors, me revoilà devant le départ de cette spéciale… toujours aussi merdique et comme en plus il pleut et que je commence vraiment à être crevé… Les commissaires aussi en ont marre… Un concurrent s’est bourré devant nous, la piste doit être nettoyée…
En prime, la nuit tombe !!! Me voilà coincé avec Allan (SV99), Fred (l’américain et sa Ducati hypermotard), Thomas et XXXX tous les deux sur des Katoches SM (ils ont l’air d’avoir aussi mal au cul que moi…). On décide de s’attendre après la spéciale et de rouler ensemble pour le retour…
Je vous laisse imaginer la conviction que l’on a mis dans cette spéciale…
19h35 Enfin bref, une fois la petite troupe reconstituée, en route pour le retour… Et là, c’est le drame, on s’est paumés…Mais alors paumés… Impossible de retrouver la route pour ressortir de la vallée et rejoindre Doussard… On finit par demander…Dans des patelins paumés, il n’y a juste personne… Une autochtone moitié terrifiée nous indique « Cruzeilles »… Par là-bas à droite… Et GO nous voilà partis comme des demeurés sur ces routes glissantes, de nuit, crevés… Des crétins…Et bien sûr, pas moyens de trouver le patelin… Au passage on a perdu Fred ??? Arrétés à l’entrée du patelin, on discute avec Allan, je suis pour retrouver l’itinéraire du RB, lui pour aller sur cruzeilles et tracer sur Annecy et le lac puis Doussard… Nazes, branchages…Mais dans la bonne humeur…Allez je retourne un peu chercher Fred, pas de traces, finalement, moi aussi, je décide de suivre la voie de la sagesse, s’agit de rentrer tout de même… Pis vu qu’il n’y a pas de réseau, pas de GPS non plus…J’envoie comme un âne…
21h38, je pointe à l’arrivée…