06 nov. 2017, 09:26
Quatrième partie : le bloc de l'Est
En ce dimanche ensoleillé, on va prendre la route et quitter les pays d'Europe dits "riches" pour affronter les anciennes républiques socialistes
Environ 300 bornes de trajet pour rallier Prague sont au programme de la journée, donc on part tranquille le matin, après avoir récupéré de la soirée précédente... On fait 2km et on s'arrête ... pour faire le plein de pain et de pâtisseries allemandes

Cette fois, parés pour la route, on met les voiles sur les petites routes, et une fois de plus, ma façon d'établir un roadbook laisse à désirer, parce qu'une demi heure plus tard, on s'est déjà planté et on termine sur une route tout en graviers... Bref, gps, étude plus approfondie du tracé, demi-tour sans se mettre au tas, et zou ! C'est sympa, des petites routes avec peu de circulation et qui tournicotent, du soleil, le pied ! Quand je me prends quelque chose dans le cou, qui tombe dans mon col, sans réfléchir, je mets la main pour essayer d'enlever le corps étranger et là, douleur intense : la saloperie m'a piqué ! Je panique un peu parce que j'ai tendance à réagir aux piqûres de guêpe. On s'arrête vite sur le bas côté, et au final c'est une abeille ou quelque chose du genre. Il y a un dard, qu'il faut retirer. Ce bon vieux couteau suisse se montrera une fois de plus utile puisqu'il y a une petite pince à épiler (moi qui me demandais à quoi ça pouvait bien servir, j'ai ma réponse

)
On en profite pour attaquer les viennoiseries sus-citées, et on repart. On se retrouve sur de la ligne droites un peu ennuyante mais roulante. C'est pas l'autobahn, mais les locaux roulent allègrement, donc je suis le rythme. On s'approche de la frontière et prend un dernier petit bout d'autobahn, histoire de... enfin, vous savez, mettre les gaz, enrouler du câble, tout ça.
Avant de quitter l'autoroute pour passer la frontière, on fait une nouvelle pause ravito (des motards, pas de la machine

)

Et on passe la frontière... et là : bureau de change (normal), hotel (

) ,casinos, stripclubs... ah bah voilà où viennent les allemands après la frontière. Pas la peine de parler Tchèque, tout est écrit en allemand...
On ne s'arrête pas et on roule. La qualité de revêtement a changé déjà, mais ce n'est pas encore le pire. Après une nouvelle erreur d'orientation (ma lecture des cartes à grande échelle est assez mauvaise apparemment...), on se dirige comme il faut. Une pause chez Lidl (yaourt, saucisson, tomate, vous connaissez le topo) puis on se trouve sur une route excellente (bon, moi j'aurais du faire le plein parce que je vois mon aiguille se rapprocher dangereusement de la réserve et ça me gâche un peu le plaisir), là aussi un des grands moments de conduite du voyage, en sous-bois, avec une rivière sur le bord, des virages de partout, vraiment sympa. Et pas que pour le pilote, ma passagère est ravie aussi. La route se termine au pied d'un château...

Et on marque une pause pour sortir le téléphone, Maps, et trouver une station essence. Ah bah tiens, y en a une 200m plus loin sur notre route, c'était bien la peine de s'arrêter.
On se dit alors qu'on vient de passer sur une route super et que vraiment la Tchéquie, ça vaut le détour.
On aura parlé un peu trop vite, parce que la suite du trajet nous amène sur des routes à chèvre, des trous de partout avec l'amortisseur rincé du ZZR qui talonne sans arrêt, autant dire qu'on modère sévèrement le rythme jusqu'à rejoindre l'axe principal menant à Prague, où ça roule beaucoup, y compris quelques poids-lourd, c'est tout droit et il y a du vent. Après une petite pause repas classique par terre sur une aire d'autoroute, on aura droit à notre deuxième frayeur du voyage, la file de voiture pile soudainement pour un passage à niveau, et j'ai eu peur d'abord de terminer dans le pare-choc de devant ou par terre, et ensuite, que la voiture de derrière vienne me pousser dans celle de devant. Au final ça se passe bien pour nous, mais quelques voitures derrière, les gars en chopper n'ont pas aussi bien freiné. A priori rien de grave mais ça a touché. On ne s'arrête pas, il y a du monde, des témoins, pi c'est leur faute de toutes façons. C'est pas super esprit motard, mais bon, on ne parle pas la langue, il y a du monde autour et personne n'est blessé, alors tant pi.
Bref, toujours en évitant l'autoroute on finit par arriver par une voie détourner dans Prague. Sauf qu'en fait, les limites de la ville sont super étendues et on est bien loin du centre, on a encore facilement 20 bornes à faire. On finit par traverser la ville en passant assez proche de la vieille ville, et on termine dans notre petit hotel à bas prix. C'est pas le Hilton, mais c'est propre et au calme. En plus, le gars à la réception est assez cool, et nous laissera garer la moto dans le parking privé de l'hôtel, avec surveillance et portail controlé à distance (bonus, on la voit depuis la chambre).
Là aussi, on restera deux nuits pour profiter du temps pour visiter la ville, pépère.
On sort le soir pour aller manger un bout et voir la vieille ville. Le fameux Pont Charles :

Et oui, on dirait un ciel d'apocalypse, et quelques minutes plus tard, il tombe des cordes. Du coup on trouve un coin à l'abri, et comme de par hasard, ils vendent des bières...
D'ailleurs, petite blague Tchèque :
C'est un gamin qui rentre dans un bar, et qui dit à la serveuse : "Bonjour, je voudrais une bière s'il vous plait."
La serveuse est étonnée et lui répond : "T'es pas un jeune pour une bière toi ? Tu ne préfererais pas une limonade ?
- A bah si, j'aimerais bien, mais je n'ai pas assez d'argent"
Bref, pour résumer cette première soirée :

Le lendemain, beau temps et chaleur annoncée, on ne traine pas et on file au centre ville pour visite guidée, avec un Free Walking Tour. On a découvert ça il y a peu, à Copenhague. Des visites guidées à pied "gratuites" par des guides professionnel : on paie ce qu'on veut à la fin. Ça nous permet de faire connaissance avec la ville et son histoire, ainsi que l'histoire de la république tchèque, avec les royaumes, la religion, l'occupation soviétique. Bref, j'ai déjà tout oublié. Bien entendu, au milieu, on fait une pause bière.
On profite d'une belle journée pour se promener, voir l'horloge astronomique (et sa petite animation à chaque heure, assez décevante. Du coup, le plus marrant c'est de regarder le tas de touristes avec leur smartphones en train de filmer, qui continuent après la fin en espérant plus... Bon ok, on avait été prévenu par la guide alors on ne s'est pas laissé avoir) et terminer par un petit repas sympa, arrosé bien évident.

On termine par un retour le long de la rivière, occupé par de nombreux bars, restaurants, bateaux-bar/restaurant, ainsi qu'un tas de personnes simplement assises par terre avec un pique nique ou une bouteille. Ça nous rappelle nos soirées estivales à Paris sur le bord de Seine... et on se dit que c'est bête de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Comme je l'ai dit au début, avant de partir, on avait prévu deux trajets possibles après les 10 premiers jours, en fonction de l'expérience jusque là, de la fatigue, etc, et lors de notre étape en Allemagne, on a décidé qu'on optait pour la version longue du roadtrip, et plutôt que traverser la Pologne directement en direction de la Lituanie, on va repiquer vers le Sud, direction Budapest, à nouveau pour deux nuits là-bas. Bon ça fait un gros trajet, et plutôt que se presser, on décide de couper en deux avec une petite deuxième journée histoire d'arriver tôt et pas trop crevé en Hongrie. On fera donc une pause au milieu de nulle-part en Slovaquie (on n'avait pas prévu initialement de visiter la Slovaquie, puisqu'on avait visité Bratislava l'année dernière. Au final, on la traversera deux fois !)
On part donc tranquille, on pense passer par Brno, mais d'abord faire une pause dans une ville avec quelques monuments (c'est pas trop loin, ça sera l'occasion de faire une petite pause ravitaillement (du pilote et de la passagère, pas de la moto) ... sauf que les routes tchèques nous rappelle un peu l'italie niveau panneau. Notamment, les rond-points sans aucune indication une fois qu'on est entré dedans. Bref, vous l'avez deviné, j'ai pris une mauvaise sortie. On finit par retrouver un itinéraire plus "principal" que celui initialement prévu, du coup c'est droit, c'est large, c'est chiant. Mais au moins, la route n'est plus pleine de trous.
Nouvelle aventure panneau, à l'approche de ville, un panneau nous indique la ville à droite, et la ville et ses monuments, tout droit. Donc on tire tout droit. Arrivé à la sortie "monuments" : ah bah non, route barrée, aucune indication, on tourne on vire un peu sans succès, on mange un coup parce que quand j'ai faim, je suis irritable

on fait demi tour pour retourner à l'embranchment précédent. Au final, dans la ville, on n'a pas vu grand chose, une vieille église, et une espèce de cloitre payant à visiter, donc on trace notre route. Beaucoup de poids-lourds sur la route, dans les deux sens, des tracteurs !, bref ça se traine, c'est pas évident de doubler, il fait chaud, ce n'est pas un plaisir. On décide qu'on évitera Brno parce qu'on est en retard sur le planning. Le vent et la chaleur sont assez épuisants. On cherche un coin sympa pour s'arrêter pour le repas, mais impossible d'approcher les plan d'eau qu'on voit sur la carte. Donc ce sera un banc dans un village, et voilà (vous connaissez le menu

)
On fait un dernier plein en Tchéquie, et on en profite pour passer nos dernières pièces en s'achetant des boissons bien fraiches qui font vraiment du bien (cette fois il nous reste 10 centimes, mieux géré que la Croatie !) et 1km après, on rate encore l'embranchement : ah bah ouais, un arbre cachait complètement le panneau. Heureusement, j'ai vite vu le panneau de l'autre côté de la route et fait demi-tour. On passera ensuite sur une digue au milieu d'un lac qui rappelle un peu un passage d'Italie montré en photo ici-même. Avec le vent, on aurait presque cru à une tempête sur la mer.
Bref, on arrive au milieu de nulle part en Slovaquie, chez des hôtes excellents. Des jeunes qui ont quitté leurs jobs de bureau et reprennent la ferme familiale pour devenir agriculteurs, et vendeurs de produit bio. Super accueillant, au final on a passé la soirée ensemble, repas, etc. Et étrangement c'est un des grands moments de notre voyage, rencontrer des gens comme ça, un peu inattendu, et avoir l'impression de retrouver des copains de longue date (Bref, un peu comme une GP). Le contraste avec notre nuit passée en Slovénie est frappant.
Bien sûr le karma nous a vite rattrapés. Le lendemain matin, exactement.
Parce qu'en chargeant la brêle :

Petite panique... pneu quasi neuf, les boules. Je n'ai pas de quitte mèche (principalement parce que le prix chez Dafy la veille du départ était abusé, surtout avec un mode d'emploi incompréhensible, du coup j'ai juste pris une bombe anticrevaison. Chez Louis.de c'était beaucoup moins cher, mais bon j'avais déjà ma bombe alors je n'avais pas acheté en Autriche)
Bon, on constate que la pression n'a pas bougé, mais du coup je n'ose pas retirer le clou de peur que ça laisse une vraie fuite. Heureusement notre hôte est cool, commence à passer des coups de fils pour trouver un bouclard moto qui pourrait réparer et/ou changer le pneu. Beaucoup sont fermés. Au final un gars nous dit : "ouais j'ai des pneus, je peux réparer, mais on n'est pas sur la route. Ils feraient mieux d'aller à cette adresse, réparateur de pneus classique. S'ils peuvent rien faire on verra pour faire le détour mais sinon c'est bête."
Bref on reprend la route, un peu stressé, jusqu'au bouclard qui est prévenu (en slovaque) de notre arrivée. On trouve le truc, le gars nous reconnait, amène le kit mèche, commence à nettoyer, enlève le clou et ... ah bah en fait c'était pas crevé ça n'a pas traversé ! gros fou rire, soulagement. Bref, on laisse un petit pourboire pour boire un coup quand même, et roule, direction la Hongrie.
Et là encore, ne pas prévoir un itinéraire spécial moto, c'est une mauvaise idée, on se fait chier sur des lignes droites sans fin, en plein soleil. Heureusement que les locaux n'ont pas l'air très à cheval sur les limitations de vitesse. J'en conclue qu'il n'y a que peu de contrôle, et je suis l'exemple

Bref, on arrive au bord du Danube, qui marque la frontière, pour une dernière pause rafraichissement :

Je vous laisserez deviner qui a bu quoi ...
Et en route pour un neuvième pays : la Hongrie, direction la capitale Budapest. Ça commence bien niveau route, un peu montagneux, en forêt, ça tourne, c'est cool. Deux bémols : ils viennent de repeindre la ligne blanche centrale et l'odeur de peinture finit par monter à la tête; et le revêtement n'est pas gé-gé. Pas grave c'est bonheur.
L'arrivée dans Budapest un peu moins, c'est une grande ville, ça circule beaucoup, des 2x4 voies, il fait très chaud, on est un peu perdu, y a des sens uniques dans tous les sens. Bref on arrive à notre appart'hotel (payé en cash et en euro, c'est normal il parait). Bon point, le stationnement à Budapest est assez galère et payant, mais pas pour les motos. On la laissera donc dans la rue deux jours, sans soucis (même si on aurait pu profiter des rampes d'un habitant pour la mettre dans la cours de l'immeuble, la flemme de manœuvrer au risque la mettre par terre)
Voilà, deux nuits à Budapest, on en profite donc pour faire une lessive. Il nous reste une fin d'aprem et une journée complète pour visiter, large.
On commence par retirer un peu de monnaie locale :
Ouais ça fait genre même pas 50€ en fait
On profitera donc d'une balade visite nocturne après un repas typique (goulash et bière, bien entendu) et d'une deuxième journée en mode canicule, 40° et ciel super bleu. Les alpes autrichiennes paraissent bien loin ...
Là aussi on emploiera la technique free walking tour, avec un peu moins de chance puisqu'on tombe sur la guide débutante et pas très à l'aise, ni rodée dans son discours. Ça nous permet quand même une balade sympa avec une découverte documentée de la ville.
Dans l'ensemble, Budapest est une ville qui nous a beaucoup plus. Par certains côté ça ressemble à Paris avec ses larges avenues et beaucoup de bâtiments qui suivent le style haussmannien (enfin je suis pas architecte donc je dis peut-être une connerie, mais c'est la sensation en tout cas), des gros édifices type palais, cathédrale, opéra... Bref une ville d'importance. Et en même temps, ça semble beaucoup moins touristique que Prague (très belle ville au demeurant, mais gachée par ce côté touristique), on ne sent pas oppressé par les foules
La petite piscine au milieu de la ville fait vraiment du bien :

(Beaucoup plus dur d'y trouver une place en soirée...)
Budapest est aussi connue pour ses thermes, mais on n'y a pas été, la miss étant peu intéressée par la chose, et aussi les "ruin bars", des bars construits dans les immeubles de l'ancien ghetto juif laissés à l'abandon On s'est rendu à
l'un des plus célèbres, mais durant la journée, parce qu'on est pas trop soirées endiablées

La petite piscine au milieu de la ville fait vraiment du bien :
Bref, c'est alternatif / hipster (quoi que celui là deviendrait presque trop touristique pour être vraiment considéré comme tel...)
Outre le goulash, on a gouté à une autre spécialité locale, le
lángos : c'est frit, c'est gras, c'est bon

Et pour la soirée, on a appris notre leçon à Prague et cette fois on ne s'est pas trompé :

Le vin local est plutot bon marché, et bon tout court. Puis la fraicheur de l'eau et de la nuit fait du bien.
Le lendemain, on repartira vers le Nord, dans mode "liaison" plus que tourisme, puisque Budapest était le dernier objectif qu'on s'était fixé avant le voyage. Il reste environ 1200km à parcourir, qu'on fera en 4 étapes en s'arrêtant en Slovaquie, encore, puis à Cracrovie et Varsovie.
À suivre ...