23 oct. 2015, 13:24
Hello !
Je sors de ma tanière avec un CR de la GP3...
Régis en mode "Sac De Sable" (et croyez-moi, derrière un poireau du
dimanche, ça aide pas...)
1) La grande parade des GPZ : viendez, c'est bon, mangez-en !
Concernant les derniers reclus de la société qui ne connaitraient
toujours pas le forum des GPZ (honte à vous !), bah c'est simple :
suffit de taper "GPZ" dans Google, on est en première position (na !).
Mais alors, qu'est-ce que la "Grande Parade des GPZ" ?
Version courte : plein de motard(e)s, tout âges confondus, des balades
dans des paysages à couper le souffle, de la bonne humeur à tous les
étages, des tranches de rires, du partage d'expérience et, surtout, une
ouverture d'esprit sans égal.
J'ai tellement de souvenirs plein la tête qu'il me faudrait un autre
topic pour relater tout ce qui m'a plu, sans parler de l'accueil
totalement extraordinaire de nos hôtes (dédicace à Carole, Yann et leurs
charmants "marmots" !).
Mais, bref, passons, et faisons maintenant plus ample connaissance avec
"Bob".
Son vrai prénom, et encore moins son nom de famille, ne seront jamais
dévoilés.
Car pour lui et sa charmante copine (dont je comprends sincèrement la
souffrance quotidienne), au delà du risque qu'il reçoive cailloux,
tomates et autres insultes, je tiens simplement à préserver le peu de
"dignité" qu'il lui reste dans ce bas monde (il se reconnaitra).
"Bob" est un motard (disons plutôt un débutant, genre pas doué, voire
carrément mauvais) au demeurant sympa.
Pas méchant pour un sou mais bon, faut dire ce qui en est : en plus de
ses lacunes totalement rédhibitoires concernant le monde de la moto, et
pour l'avoir cotoyé au quotidien pendant plusieurs jours, c'est vraiment
loin d'être une lumière (et, croyez-moi, là je suis sympa).
Bref, laissez-moi vous brosser le tableau de ce "con", parce que
franchement, il est loin d'être commun.
2) SDS solitaire cherche motard pas trop téméraire pour balade tranquille
Parce que ouais, la "Grande Parade des GPZ", c'est avant tout des
ballades sur des routes ouvertes (je vais revenir sur ce point) que même
ta mère va kiffer tellement c'est bucolique.
N'étant pas monté sur une bécane depuis plus d'un an (gros crash, genre
j'ai vu la mort en technicolor, toussa), il était hors de question de
partager la selle passager avec un sombre demeuré assoiffé de gaz.
Mais, voilà "Bob", qui me propose gentiment de me "transporter" tout au
long de long de cette ballade, laquelle s'annonce à priori magnifique
(les décors étaient simplement à tomber par terre, n'en doutez pas un
instant).
Une invitation, par politesse, cela ne se refuse pas.
Grave erreur... (Et prenez-en de la graine : au delà de "reteinter" mon
falzar, j'ai vu Dieu en personne)
Bon, soit, je monte gentiment sur sa bécane mais, tout de suite, se
pose la question de la position "idéale".
Sur un GPZ, et faut dire que je suis un peu grand, les cales-pieds
arrières sont montés un poil hauts : donc, les genoux qui vous arrivent
au niveau du menton, c'est normal, ne paniquez pas.
Mais pas l'temps de rêvasser, la "Grande Parade des GPZ" s'élance et,
tant bien que mal, j'essaye de me caler, au fur et à mesure, sur le
timbre poste qui me sert de selle.
Détail important : la selle passager d'une GPZ est inclinée vers l'avant.
Ayant déjà été un SDS hors pair dans une autre vie, je fais
littéralement corps avec notre "païllote" du jour.
Comprenez que lors des premiers tours de roues, je suis complètement
collé (scotché ou agrafé, les avis divergent) contre lui avec les
genoux qui l'étreignent, telle une cisaille hydraulique.
Comptez une pression d'environ une tonne au centimètre carré, cela vous
donnera une idée assez précise de "l'étreinte".
3) Premiers tours de roues : jusqu'ici tout va bien (le plus dur c'est
pas la chute...)
Le cortège s'élance tranquillement mais, pas de chance, de sombres
nuages noirs nous barrent la route.
10 minutes plus tard c'est l'hécatombe : abrités sous un abri de
fortune, nous regardons béatement la pluie tomber.
Bon à savoir : dans la Drôme, un simple orage, c'est "juste" de la
grosse grêle (rien de grave, cela ne transperce que les structures en
tôle), des rafales à décorner les boeufs, des trombes d'eau qui
relèguent les chutes du Niagara à de simples ruisseaux et des voitures
qui finissent, lamentablement, par noyer leur pots d'échappement
tellement le "niveau de la mer" a monté.
Concernant notre ami "Bob", il n'a rien trouvé de mieux que de se
réfugier, comme un lâche et au sec (enfoiré !), dans un magasin de
fringues hors de prix avant de partir draguer, à l'arrache, les
différentes vendeuses présentes dans les rayons.
Yann (notre hôte) semble confiant : un orage, ça ne dure pas. M'ouais...
Vu les 10 ou 15 centimètres de flotte qui surmontent la route, je suis
loin d'être aussi optimiste que lui.
Après la pluie vient... NON, STOP, HALP, NEIN ! Il ne pleut plus, c'est
tout.
"Bob" ressort du magasin (sans une vendeuse, ha ha !), empoigne sa brêle
comme un sagouin et se place, tout en faisant hurler la première (9500
tours au minimum), juste devant moi.
Bon, là, faut être clair : j'ai peur.
Et, franchement dit, ce n'est pas vraiment la pluie diluvienne déversée
sur les routes gorgées de gazoil qui me stresse, non, ce qui me
travaille à cet instant, c'est notre ami "Bob".
Parce qu'à cet instant, je n'avais pas encore bien pris la mesure de cet
"illuminé" (mieux vaux tard que jamais).
En tout et pour tout, il n'y a que deux neurones connectés à la poignée
de gaz : un pour "On", le second également pour "On". Entre temps, il ne
se passe rien, juste un courant d'air entre deux oreilles, le vide
inter-sidéral.
Bref, je ne le savais pas encore mais le désastre qui s'annonce dépasse
l'entendement.
4) Une GPZ c'est bien, sauf quand l'amorto AR fait (totalement) la gueule
Hardi petit, le convoi des GPZ repart, la route est totalement
détrempée, s'pas grave.
Nous passons, tranquillement, aux travers de plusieurs villages, tous
plus beaux les uns que les autres. (Note à moi-même : déménager en
Ardèche !)
Mais il semblerait que "Bob" ait un problème : à chaque dos d'âne, la
suspension arrière lui répond, de manière assez musclée, par un méchant
"plonk" du plus bel effet !
Ah, nan, c'est vrai, j'vous ai pas dis... le SDS (oui, c'est moi), il
pèse pas loin de 95 kg alors forcément, le débattement de l'amortisseur
arrière, même avec des ressorts renforcés, tu peux t'assoir dessus !
Mais là n'est pas le problème. En fait je cherche toujours une position
"idéale" car je sens que ce kéké de troisième zone (restons poli), quand
il va mettre la poudre, va falloir s'accrocher aux branches.
La poignée arrière c'est bien mais je chope rapidement des fourmis dans
les doigts. Donc, forcément, faut changer de position assez souvent.
Et là, notre "Bob", l'est pas content.
Oui, bon, ok, ça "gigote" un peu sur la selle arrière et alors ?
C'est juste le temps de changer de main et de repositionner les
chaussures (renforcées aux malléoles) sur les cales-pieds. Alors oui, ça
déséquilibre "un poil" la moto pendant une ou deux deux secondes, et après ?
Il va pas nous faire un caca nerveux pour un quintal, hein ? #C'TE_BLAGUE !
D'autant que je vois encore arriver des dos d'ânes qui ne manqueront pas
de se joindre à la "plonk-party"...
5) La situation s'envenime (et je vais lui pourrir son casque à grand
coup de pompes)
La ballade reprend, le paysage défile et, faut dire les choses : il est
tout simplement superbe.
Sauf que, pour une raison que j'ignore, la route se fait de plus en plus
sinueuse. Le rythme augmente, je tiens toujours notre "païlotte" en
cisaille entre mes cuisses donc, pour l'instant, tout va bien.
Mais, affligé, je sens (aux secousses et soubresauts du moteur) que
notre ami "Bob" est chaud-bouillant : ce sombre crétin rêve de mettre du
gaz alors que la route ne le permet pas.
Récapitulons : j'ai signé pour une balade bucolique, pas pour un crash test.
Ayant déjà été un SDS hors pair dans une autre vie (bis), pas con, je
penche avec lui dans chaque virage. Et croyez moi, vu mon poids, ça aide
vachement...
Le but de la manoeuvre est simple : plus tu penches, moins t'as besoin
d'angle. CQFD !
Mais voilà que ça se complique : la route n'est plus sinueuse, non, elle
a carrément été repeinte par un mec de la DDE complètement bourré tout
droit sorti de la pause déjeuner avec 4 grammes dans chaque poche.
Et là, s'pas compliqué, ça commence à enquiller sévère, même que "Bob"
s'énerve sérieusement.
Petite note à moi même : avant j'avais un falzar propre mais ça, c'était
avant.
### Stop !, pouce !, petite pause (ouais parce que là c'est nécessaire)
Note pour les lecteurs ayant pris le post en cours de route :
1) l'amorto arrière de la GPZ est totalement "HS" (aucun débattement, on
frotte le sol)
2) "Bob", alias "trompe-la-mort", est désormais en en mode "ça passait
c'était beau..."
### Fin du Stop !, Pouce !, etc
Inutile de vous faire un dessin concernant la suite du "périple", c'est
juste indécent.
6) "Bob" se prend pour Rossi (et c'est décidé, je vais lui broyer les
burnes contre le réservoir)
De ma visière (j'y reviendrai plus tard, bis), tout ce que je "vois"
arriver, ce sont les virages.
Même en m'imaginant sur une bécane récente et prévue pour la piste avec
des pneus ki-accroche-grave-ta-race, nan, désolé, j'y arrive pas : on va
finir au tas et pis c'est tout.
Bref, nous v'la parti pour un véritable "festival" : et vas-y que je
contre-braque comme un salaud, que je freine sur l'angle comme un
sagouin, même que la corde c'est pour les pédés, que je remets les gaz à
fond toujours sur l'angle, bref c'est un véritable carnage et, n'en
doutez plus, mon calbut est mort.
Mais attendez, bande de trouillards, inutile de vous cacher les yeux car
l'histoire ne s'arrête pas là.
Non, plus fort : "Bob" est tellement envahi par le regret de ne pas
avoir "tué le père" qu'il renchérit à outrance. Et juste pour rappel, je
suis toujours un SDS innocent qui ne souhaite pas mourir.
Mais bon, vu le QI (estimé à celui d'une chèvre trisomique, les médecins
sont formels) du type qui tient le guidon, autant pisser sur une clôture
électrifiée.
S'annonce un prochain virage à gauche, pas vraiment violent mais vu la
vitesse totalement délirante indiquée par le tachymètre, ça s'annonce
quand même un poil serré. Genre même que, dans tes rêves sado-maso les
plus fous, non chérie, ça ne rentre pas, mais alors pas du tout.
Et là, incroyable, "amazing!" comme dirait l'autre, je n'en crois pas
mes yeux : "Bob" se met à déhancher.
Et pas un déhanchement de tarlouze, hein ! Maaaah nan, "Môssssieur"
décide de se déporter complètement à gauche de la bécane : les jambes,
le cul, le buste, le nez, s'pas compliqué, tout y passe.
Pour faire simple, du côté droit de la GPZ, on ne voyait plus rien (sauf
moi, et je le répète : help !).
### Stop !, pouce !, petite pause (ouais parce que là c'est encore
nécessaire)
1) Je vous rappelle (bis) que, initialement, j'étais venu pour une
"BALLADE BUCOLIQUE BORDEL DE MERDE" !
2) "Bob" (toujours lui), alias "la-vie-est-eternelle", a désormais
basculé en mode "ça passe ou ça passe..."
### Fin du Stop !, Pouce !, etc
Pour l'anecdote, à cet instant précis, Dieu m'a envoyé un SMS
directement imprimé sur la visière :
- "Salut ! Alors comme ça tu déjeunes avec nous ? LOL!"
Mon coeur n'étant plus tout jeune, sans parler du futal dont commence à
s'échapper une odeur fortement nauséabonde, il est grand temps de mettre
le holà.
A défaut de lui coller une bonne baigne (que ce parfait débile aurait
bien mérité), je me démerde pour lui faire comprendre "amicalement"
(j'lui ai juste niqué la cuisse, rien de grave) que là, maintenant,
c'est bon, je ne rigole plus du tout.
De toute façon, depuis le début je ne rigole pas, même pas un rictus
"diplomatique".
7) Arrêt diplomatique devant un paysage magnifique (histoire de fumer la
cigarette du condamné)
Donc on s'arrête, mon coeur essaye de redescendre à un rythme à peu près
normal.
Las, je n'ai même pas le temps de sortir une tige cancéreuse que "Bob"
se dirige vers moi, la mine renfrognée :
- "Putain, tu fais chier à pencher, toutes mes trajectoires sont pourries !"
Je n'ose même pas lui répondre.
Entre la hargne qui transparait, la fureur qui se dégage de son visage
et les deux derniers neurones qui font encore (à peu près) connexion,
j'ai juste en face de moi un simple demeuré.
Et comme disaient, pudiquement, mes parents :
- "celui là, c'est pas de sa faute, il n'a pas la lumière à tous les
étages."
Parce que, ouais, les soit-disant "trajectoires" de "Bob", va falloir
en parler, sérieusement.
Alors, OK, je n'ai pas fait de stages de pilotage extrêmement poussés
mais pour faire simple, "Bob" navigue complètement sur la route et ce
n'est pas compliqué, il est totalement aux fraises (et encore une fois,
je suis très sympa).
D'un côté je peux défoncer d'un simple coup de coude les rétros des
automobiles qui se présentent en face (hyper facile vu qu'on est
totalement sur la voie de gauche) et de l'autre, je peux
"tranquillement" ramasser les pâquerettes qui poussent le long des fossés.
Bref, je tente vainement de lui expliquer ma façon de voir les choses
mais non, "Bob" reste stoïque, le sourire rigolard et, comme attendu
(malheureusement), le regard totalement vide.
En résumé, tout ce que je lui raconte entre par l'oreille droite et
ressort instantanément par l'oreille gauche.
Le lecteur avisé se demandera sûrement ce qu'il y a entre les deux
oreilles de "Bob" mais, moi même je n'en sais fichtre rien, c'est comme
un "tube Afrique" : à la fois creux et vide.
Tout ce que je sais, c'est qu'avec un armoto arrière complètement
dépassé par les évènements et les virages totalement délirants qui
s'annoncent, on va tous les deux finir dans le fossé, point final.
Reprise la "balade" en mode "Notre Père" : toi qui es aux cieux, je
veux pas mourir, Amen !
"Bob" m'a promis de faire attention mais, mon coeur battant déjà 160
bpm, ça peut pas être pire que de la techno.
La GPZ n'est pas une moto hyper sportive en soi mais çà, c'est ce que
l'on raconte aux débutants pour les rassurer.
Parce qu'avec "Bob", et je ne sais pas s'il a mis de l'essence ou de
l'éther dans le réservoir, tout ce que je peux vous dire c'est que ça
déménage sévère.
De toute façon, c'est pas compliqué, au premier flic que l'on croise, je
le dénonce (avec un témoignage totalement dégueulasse) histoire de rester
en vie (et à pied).
Bref, nous voilà repartis et, comme c'est une ribambelle de virages
saignants qui s'annoncent, je décide de me comporter comme un SDS
"mort-avant-l'heure" : je m'éloigne du "païlotte", solidement arnaché
sur la poignée arrière et je ne bouge plus d'un pouce.
Autrement dit, me voilà devenu un véritable bloc de béton armé,
solidement arrimé sur la selle passager.
Les virages s'enchainent, mon falzar sent toujours autant la merde mais
ce n'est pas grave, pour l'instant, on laisse pisser.
Et, contre toute attente, "Bob", toujours méchamment agrippé à la
poignée des gaz comme un cinglé, me fait signe que tout est "OK" par un
signe du pouce.
"OK" mon cul ! (l'état du falzar ne me laisse plus aucun doute à ce sujet)
Tout ce que je vois, depuis l'arrière de son casque, ce sont de vagues
"courbures" et pas du tout la route : l'oeil gauche pour mater les
"courbures" à gauche, l'oeil droit pour mater les "courbures" à droite.
En moins de 5 minutes, j'ai choppé un putain de strabisme, sans parler
du mal de mer.
Et maintenant que je sais que je vais mourir encastré dans un chêne, je
l'accepte :
- Maman, je t'aime, tu as toujours été là pour moi.
- Papa, pourquoi ne m'as tu pas enseigné ton savoir mécanique ?
- Mes soeurs adorées, n'oubliez pas, "Internet by Orange", c'est de la
merde.
A+
PS : la suite dans 6 mois...
PS 2 : Masou, je t'envoie un MP ce soir