01 nov. 2014, 11:27
Remph a écrit :
Liberté, risque, sécurité... ça en soulève des réflexions

Oui, et je n'ai pas de réponses universelles à cela.
D'un coté, si je vois partir mon fils avec sa zzr, je suis content s'il est en combi avec sa dorsale et le reste.
D'un autre, ce n'est pas du tout ma vision pour moi-même et, si le casque (dont l'efficacité est prouvée) n'était pas obligatoire, je le laisserai à la maison, au moins une fois sur deux.
Pour moi-même, je suis, depuis ma naissance, un condamné à mort qui ne sait pas quel jour sera cette aube qui verra les portes de ma cellule s'ouvrir pour la dernière fois, en route pour l’échafaud.
Si l'on y réfléchit bien, malgré le coté dérangeant du truc, ce n'est pas que mon cas personnel mais quelque chose universel et compliqué à accepter.
L'incertitude du jour n'empêche pas ma certitude que cela arrivera.
En attendant, je ne veux pas me laisser pourrir la vie parce que demain, je suis mort.
Pour ceux que j'aime, c'est différent parce que mon affect me rend moins réaliste, tout simplement.
Je devrai me rappeler que la tenue de moto du fiston ne lui sera d'aucun secours, en dehors d'une glissade sans gravité.
Dès que cela va taper un peu dur, cela ne va qu'améliorer la présentation du cadavre, voir pire, faire que j'aurai un légume alité à visiter pendant des années…
Bref, je préfère le laisser partir en étant rassuré parce qu'il est bien équipé quand, de mon coté, je préfère faire, en cas de bavure, le donneur d'organe et ne pas me pourrir la vie avec la sécurité le reste du temps.
Ce n'est pas que je ne tiens pas à la vie mais, au contraire, que je me dis que je n'en ai qu'une et que vivre dans la peur de mourir, c'est mourir bien des fois.
Pour le reste, à savoir rester malgré tout en vie, je mise sur tous ces neurones qui, par les décisions qu'ils m'ont fait prendre jusqu'à maintenant, ont réussi à se garder eux-même en vie, dans l'exercice aléatoire du pilote moto amateur autant que dans d'autres aspects d'une vie comportant quantité de raccourcis pour qu'elle s’arrête et que j'ai eu la sagesse ou tout simplement l'insolente réussite de ne pas emprunter.
Un jour, possiblement, cela ne sera pas suffisant.
En attendant, chaque jour vécu aura été un bon jour pour mourir, parce que vécu sans arrière pensée.
Quand au digne représentant de la génération prédominante sur ce forum qu'est mon fils, très bien s'il se sent bien dans sa combine qui, en passant, lui a déjà servie, lors de 2 accrochages en ville.
Que cela lui aille me va très bien aussi et me rassure même.
Cela montre bien que les éléments impliqués dépasse la seule logique et que l'affectif, la peur pour soi et pour les autres, et ce paramètre unique en jeu qui est la vie rend l'approche de la problématique difficile.
C'est pour cela que je ne traiterai jamais celui qui juge que ce doc fait peu de cas de la sécurité ou un motard avec casque et airbag de tafiole.
Mais, dans le même temps et au risque de déranger à une époque qui n'est pas celle du film, je revendique de ne pas être un insensé quand je roule à moto en chemisette.
Alors, pourquoi ne pas faire en sorte que chacun prenne ses décisions pour lui même pour un truc qui le concerne au premier chef: sa vie?
Pourquoi sans cesse des lois sécuritaires qui, sans être dépourvus de fondement, font que le respect de la vie et de l'autre devient une question d'obéissance quand cela devrait rester une question de conscience?
Hors, la conscience est un muscle, qui s’atrophie par non utilisation et il ne faut pas s'étonner qu'elle soit si difficile à mettre en œuvre aujourd'hui, dans un monde dominé par les lois.
Et c'est là ou ce doc me parle car, en regardant ces images de 40 ans, je me dis que l'on peut régenter jusqu'à couleur du slip que l'on a sur le cul mais que ce n'est pas là une unique solution.
